Le vin en gris-vert

Armée suisse

Texte: Alexandre Truffer, Photo: VBS/DDPS – Enrico Piffaretti, Siffert/weinweltfotos.ch, GettyImages/graphixel

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l'édition 02 | 2022

La place de la Concorde suisse

Fin octobre 1983, «The New Yorker» publie un texte intitulé «Un journaliste en vadrouille (La place de la Concorde suisse – partie 1)». Cette introduction à l’armée de milice s’étale sur 68 pages du magazine. Une semaine plus tard, les millions de lecteurs de cette revue très prisée de la Côte Est peuvent lire la suite des aventures de Luc Massy sur 58 pages. En 1984, les éditions Farrar, Strauss & Giroux publient la première édition d’un livre qui sera traduit en une dizaine de langues et verra près d’un million de copies vendues à travers le monde. L’auteur explique que: «la Suisse n’a pas d’armée, qu’elle est une armée. Celle-ci […] reconstitue dans sa structure séculaire toutes les caractéristiques sociales, psychologique, et même, culturelles de la société qu’elle a pour mission de défendre.» La couverture indique que «les autorités suisses ont, pour guider John McPhee, choisi un vigneron vaudois, le soldat Luc Massy, un homme charmant, irrévérencieux et peu enclin à la discipline.» Pendant un peu plus de 200 pages, le journaliste américain mêle les aventures d’une section de renseignement où l’on regroupe «les brebis galeuses de l’armée» à une analyse sans complaisance de la société helvétique. On y rencontre un capitaine zurichois qui avait réussi un exercice de traduction en français et raté une mission de reconnaissance. «Superposant les deux expériences, ses supérieurs l’avaient récompensé par l’exil, en l’affectant à un bataillon romand», commente John McPhee. On croise aussi un capitaine vaudois qui considère Genève comme «absolument non suisse». Le journaliste explore enfin les liens entre l’économie helvétique et le corps des officiers. Il n’évite aucune polémique, mais conserve une sympathie bienveillante pour le système de milice helvétique.

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