Un Gamay Premier Grand Cru: du jamais vu!

Texte: Anick Goumaz | Publié: 20 février 2024

Pierre-Yves Poget n’est pas peu fier d’annoncer la certification «Premier Grand Cru» obtenue par son Gamay Le Clos en octobre 2023: «Mon Gamay pousse sur un terrain graveleux, il rend peu de jus et celui-ci est concentré, tant en couleur, qu’en arômes et en tanins. Mon papa le vinifiait en cuves dès 1986. Quand j’ai repris la cave, j’ai choisi de le mettre en barriques, justement à cause de cette concentration.» Mais ce qui a décidé Pierre-Yves Poget à le présenter à la Commission des Premiers Grands Crus, c’est son potentiel de garde, l’un des trois critères avec la qualité constante, l’histoire et la réputation. «J’ai proposé une verticale du Clos lors de mes portes ouvertes. C’est là que j’ai eu la preuve qu’il se gardait bien. Je pense que c’est grâce à la parcelle, mais aussi à cette fameuse concentration.»

Un chemin de croix

Comme les 26 autres vins vaudois du millésime 2022 certifiés «Premier Grand Cru», le Gamay Le Clos a dû franchir de nombreuses étapes. En plus de remplir une dizaine de critères fixés par le règlement cantonal, le domaine doit présenter à la commission plusieurs millésimes datant des dix dernières années, afin que celle-ci puisse juger de la capacité de garde. Ces démarches engendrent bien sûr des coûts, freinant peut-être certaines caves. «Ceux qui disposent d'une marque forte préfèrent peut-être s’y tenir et peuvent trouver le processus trop lourd administrativement», conçoit Olivier Viret, chef de la viticulture vaudoise. Il se réjouit de voir le Gamay rejoindre pour la première fois la famille des Premiers Grands Crus: «Cette certification se veut exclusive en acceptant uniquement le Chasselas, le Pinot Noir, le Gamay, le Merlot, le Gamaret et le Garanoir. Dans un vignoble constitué à 60% de Chasselas, ce n’est pas surprenant que ce cépage domine au sein des Premiers Grands Crus.» L’arrivée du Gamay apporte une diversité rarement atteinte avec 23 Chasselas, deux Garanoir et un Gamaret (les trois derniers sont issus du Château Le Rosey, habitué de la certification).

Un avenir encore à écrire

Le Clos de Pierre-Yves Poget ouvre-t-il la voie à plus de vins rouges et plus particulièrement de Gamay estampillés «Premier Grand Cru»? «Il faut l’espérer!» répond Olivier Viret, avant de rappeler que le plan de relance de la viticulture vaudoise implique une réflexion de fond sur ses appellations, ainsi que sur une nouvelle hiérarchie. «Plus on monte dans la hiérarchie, plus on doit diminuer les quantités et donc augmenter les prix. On peut espérer qu’une voie s’ouvre pour un travail sur les clones de Gamay et ses terroirs de prédilection. Ce cépage demande à être redécouvert.»

En savoir plus sur les Premiers Grands Crus vaudois

La classification des vins vaudois en résumé (site web de la cave Obrist)