Le Fuliaco

Nouveau cépage autochtone découvert en Valais

Texte: Anick Goumaz | Publié: 06.10.2025


Même en matière de cépages suisses ancestraux, il est possible d’innover. L’ampélologue José Vouillamoz et le vigneron Olivier Pittet le prouvent. Ils ont dévoilé ensemble une découverte, un cépage blanc implanté depuis longtemps en Valais, qu’ils ont baptisé «Fuliaco», en référence à un nom historique du village de Fully. Puisqu’il ne s’agit ni d’un croisement, ni d’un hybride, mais d’un cépage ancestral oublié, aucune démarche particulière n’est nécessaire pour nommer cette variété. José Vouillamoz en a déjà fait l’expérience il y a une dizaine d’années avec la Diolle. Tout comme pour ce dernier, s’agissant d’une découverte récente, le Fuliaco ne fait naturellement pas encore partie des cépages autorisés dans l’AOC valaisanne. Le nectar issu de cette variété est vinifié par le vigneron Olivier Pittet, qui a élevé le millésime 2023 en dames-jeannes. Cette méthode lui confère un noble et élégant style réductif. Une belle robe dorée habille des accents d’oranges confites, d’herbes aromatiques et des notes minérales évoquant des pierres mouillées et un côté presque iodé. La bouche suit, avec une pointe de miel amer et une finale avec des airs de truffe, voire de champignon de Paris. La dégustation d’un millésime 2015, alors élevé en partie en fût de chêne, démontre les capacités de garde du cépage, qui garde tout son fruit.

Un travail de longue haleine

Les premiers échanges entre Olivier Pittet et José Vouillamoz au sujet de ce «nouveau vieux cépage» datent de 2007. L’ampélologue prend le temps avant de crier «eureka», car un cep isolé ne suffit pas à prouver une nouvelle découverte. En 2010, le vigneron de Fully démontre que la variété oubliée se retrouve sur quatre parcelles différentes; la preuve pour le docteur qu’il ne s’agit pas d’un hasard de la nature, mais bien d’un cépage cultivé jadis. «Pour en savoir plus sur sa généalogie, il faudrait se lancer dans une étude approfondie qui nécessiterait un financement», explique José Vouillamoz.

320 cépages en Suisse

La présentation du Fuliaco au public suisse coïncide avec la réédition du livre de José Vouillamoz «Cépages suisses. Histoires et origines», paru aux éditions Favre. Huit ans après la sortie de ce best-seller, l’auteur a opéré quelques révisions et mises à jour. «En 2017, je criais au loup en inventoriant 252 cépages en Suisse, se souvient-il. Huit ans plus tard, j’en compte 320, dont 213 autorisés dans les AOC. Je suis favorable à une diminution drastique de ces statistiques, en tout cas dans les ordonnances des AOC.» Alors qu’en 2017, le Valaisan parlait de 80 cépages indigènes en Suisse, aujourd’hui il en liste 94, en intégrant les croisements et les cépages d’origine spontanée qu’il appelle «patrimoniaux».

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