Interview • À grands pas dans la bonne Direction

Catherine Cruchon

Photos: Siffert / weinweltfoto.ch, m.à.d.

Comment voyez-vous l’évolution de la viticulture biologique en Suisse romande?

J’ai l’impression que les choses sont en train de bouger de manière rapide. Il y a vingt ans, la viticulture biologique en Suisse n’était ni très active, ni très inspirante pour les producteurs traditionnels. Aujourd’hui, les vignerons – y compris ceux qui ne sont pas certifiés et qui ne recherchent pas spécifiquement une labellisation – entreprennent de plus en plus de démarches qui les rapprochent de l’agriculture biologique. Beaucoup de professionnels ont spontanément arrêté les herbicides pour leur préférer un désherbage mécanique. Idem pour les traitements agréés en viticulture biologique qui remplacent de plus en plus les produits issus de la chimie de synthèse.

Et faire du bio sans label vous semble une bonne chose?

Même si ces producteurs ne recherchent pas une certification et ne se réclament pas de l’agriculture biologique, ce sont des pas dans la bonne direction. Et ce, d’autant plus, qu’en parallèle on se rend compte que, chaque année, les surfaces viticoles en reconversion augmentent. Ce mouvement est d’ailleurs visible dans le canton de Vaud, comme dans toute la Suisse.

Certains producteurs constatent que les consommateurs réguliers de vin ne montrent pas un grand intérêt pour le bio, tandis que le public intéressé par les labels consomme des quantités très limitées. Avez-vous le même sentiment?

Je ne partage pas ce constat. C’est un thème qui gagne en importance chaque année auprès de notre clientèle. Je ne crois pas que celle-ci achète nos vins parce qu’ils sont cultivés en bio, mais parce qu’ils les ont goûtés et qu’ils les trouvent bons. En tous cas, une chose est sûre: ce n’est pas parce que nos vins sont devenus bio que nos clients en boivent moins. Lorsque l’on regarde les parts de marché du vin en Suisse, il y a une augmentation constante de la consommation de vins issus de l’agriculture biologique. Cette croissance de la consommation est sans aucun doute portée par différents types d’amateurs. Dans le lot, il y a bien entendu des gens qui boivent du vin de manière occasionnelle, mais il y a aussi des consommateurs plus réguliers.

La presse s’est fait l’écho en 2019 de la volonté de Bio Suisse de freiner les reconversions de producteurs de lait biologique, car la demande ne suivait pas. Existe-t-il un risque que la viticulture biologique rencontre un tel plafond et que l’offre commence tout à coup à dépasser la demande?

À l’heure actuelle, le marché du vin en Suisse est extrêmement tendu, surtout en ce qui concerne le vrac. Ce contexte très difficile impacte également le vin issu de l’agriculture biologique, même s’il existe aujourd’hui un peu plus de débouchés pour le bio que pour le vin conventionnel. Plus la production de bio augmentera, plus la filière sera touchée par les problèmes de commercialisation de la branche. Toutefois, je ne crois pas que l’on puisse comparer la situation du lait à celle du vin. Pour le premier, le consommateur a le choix entre un lait bio et un lait non bio. Ce n’est pas le cas avec le vin où des questions de cépage, de style de vin, de savoir-faire de l’oenologue et de terroir jouent un rôle prépondérant.

Est-il facile de commercialiser du vin bio auprès des professionnels de la restauration?

Si certains restaurateurs vont privilégier des vins issus d’un mode de production spécifique, comme les vins bios ou les vins natures, d’autres s’intéressent plutôt au style du vin, au vigneron qui l’élève et à sa réputation. Néanmoins, les établissements publics ont tout intérêt à afficher quelques vins biologiques à leur carte, ne serait-ce que pour offrir une option au client sensible à cette philosophie de production.

Comment avez-vous traversé la période extraordinaire due à l’épidémie de COVID-19?

Nous avons vu une augmentation marquée de la consommation par la clientèle privée. En discutant avec mes collègues de Bio Suisse, je me suis rendu compte que c’est un constat partagé par tous. On peut imaginer que la situation a poussé une partie de la population à réfléchir au mode de production des aliments qu’ils consomment et à la relation qu’ils entretiennent avec l’agriculture.

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