L’artisane des Trois-Lacs

Chantal Ritter Cochand, Le Landeron (NE)

Texte: Alexandre Truffer, Photo: Pierre-Michel Delessert

Des Pinot précis et de caractère, des spécialités expressives et typées, des Chasselas racés et élégants: les vins de Chantal Ritter Cochand ont la personnalité affirmée et l’avenante amabilité de leur génitrice.

Un domaine à taille humaine: voilà ce que Chantal Ritter Cochand a créé, développé et consolidé durant les 35 dernières années. «Et je vais continuer», précise d’un ton espiègle la vigneronne-encaveuse du Landeron. «La retraite ne fait pas partie de mon plan de carrière!» Pour celle qui se verrait bien imiter Françoise Berguer, sa consœur des Artisanes de la Vigne et du Vin qui est resté aux commandes du Domaine des Gondettes bien après avoir fêté ses quatre-vingts ans, l’aventure a commencé en 1987. «Mes grands-parents maternels, qui étaient maraîchers et vignerons, vinifiaient deux petites cuves à l’arrière de la maison. Tout s’est ensuite arrêté avec la génération de mes parents, explique Chantal Ritter Cochand. En 1983, mon mari et moi avons tenu un alpage à Château-d’Œx pendant un été. J’avais vingt ans, une maturité commerciale en poche et la conviction qu’un travail en extérieur était indispensable à mon bonheur.»

Le couple revient avec l’ambition de transformer les 5000 mètres carrés de vignes en un domaine viticole indépendant. Une fois l’accord de la famille obtenu, Chantal Ritter Cochand se forme aux métiers de vigneronne et d’œnologue. «La première année, nous n’avions que deux vins: un Chasselas et un Pinot Noir. Très vite, un Œil-de- Perdrix est venu les rejoindre. Nous avons ensuite loué des vignes, planté des spécialités et le domaine a été agrandi au fil du temps.» Aujourd’hui, notre artisane travaille trois hectares, dont deux lui appartiennent, qui sont intégralement commercialisés en bouteilles. La moitié de la surface est occupée par du Pinot, décliné en trois versions rouges et en deux spécialités, un Œil et une Perdrix Blanche. «Je ne fais ce blanc de noir que les années où la récolte est abondante, car c’est un vin qui est systématiquement réclamé quand il est épuisé et boudé quand il y en a». Ce qui n’est heureusement pas le cas des spécialités blanches (Doral, Pinot Gris et Sauvignon Blanc) ou rouges (Divico), ni des classiques de la région. «Le Non Filtré a marché comme jamais cet hiver», confirme celle qui élabore aussi un Chasselas tout à fait exceptionnel: la Cuvée 62.

«Depuis 2010, je vinifie – dans des œufs en béton – ce blanc avec des levures récupérées par Jurg Gafner lors de la fameuse dégustation de Räuschling qui lui a permis de ressusciter des anciennes levures. J’ai appris que, en plus du 1895, ce scientifique avait aussi prélevé des microorganismes de deux millésimes particulièrement réussis: 1935 et 1962. 1962 étant l’année de ma naissance, je n’ai pas hésité!» Le résultat est spectaculaire et la convoitise des connaisseurs fait que cette curiosité rime bien souvent avec épuisé.


Chantal Ritter Cochand

Vigneronne encaveuse
Rue de Soleure 4
2525 Le Landeron
Tél. +41 (0) 32 751 48 73

www.vinsrittercochand.ch

vinum+

Continuer la lecture?

Cet article est exclusivement
destiné à nos abonnés.

J'ai déjà un abonnement
VINUM.

Je souhaite bénéficier des avantages exclusifs.