Domaine Maison Dutruy, Luins (VD)

Synonyme d’innovation, de discrétion et de soin apporté à ses vins vendus «prêts à boire», le domaine de Damien Dutruy est le berceau d’une famille qui a créé plusieurs domaines emblématiques de la région.

ÀLuins, un Dutruy peut en cacher un autre, comme nous le confirme d’entrée de jeu le maître des lieux. «Nous sommes entourés de Dutruy. À Founex aussi, ils sont deux, depuis un siècle. Mais la maison mère est ici.» Venus de Bourgogne, les Dutruy s’installent à Luins en 1788. Damien est le représentant de la septième génération. Celle-ci collabore avec la sixième et la huitième. À 82 ans, son père se montre encore très actif dans l’affaire familiale, tandis que son fils, Siméon, rejoint ses aînés deux jours par semaine, tout en suivant ses études supérieures à Changins. Toujours transmis de père en fils, le domaine conserve la mémoire des générations précédentes. «Mon grand-père produisait un Chasselas et deux vins rouges. À son époque, c’était déjà faire preuve de diversité.» Damien Dutruy a hérité de ce goût de la variété, surtout en matière de vins rouges. La dernière parcelle acquise à Vich – qui a permis d’atteindre un total d’environ dix hectares – comprend notamment du Cabernet Franc et du Mara. Frère du Gamaret et du Garanoir, il partage la vedette avec le Gamay dans le rosé de la maison. «À l’avenir, j’aimerais continuer mes tests sur le Mara afin de l’inclure dans des assemblages comme notre Prestige N°3, au lieu du Gamaret et du Garanoir. Cette cuvée représente un peu notre produit phare. Moins tanique que le Pinot Noir, il plaît à tout le monde.» En effet, ce Prestige N°3 se veut flatteur et porté par le Merlot, qui amène de gourmandes notes de cassis au nez et une finale torréfiée et persistante. Pour le déguster, ainsi que la douzaine d’autres crus de la gamme, il faut s’asseoir dans l’espace d’accueil jouxtant la maison depuis quelques années seulement. Surprise! Le maître des lieux apporte des bouteilles du millésime 2018, tant pour le Chasselas que les spécialités rouges. «Presque tous nos vins restent deux ans en cave après la mise en bouteille. Ils sont longs à ouvrir, parce que nous avons de grosses terres. Je n’aime pas vendre un produit en précisant qu’il faut attendre pour pouvoir le consommer. C’est sûr que ça nécessite d’avoir de la place! Nous avons donc construit cet agrandissement. À l’étage, sur la terrasse, on accueille les clients, et on réceptionne la vendange au rez.» Le travail de cave est le dada de Damien Dutruy, contrairement à son père et son fils, passionnés par l’arboriculture. «Mon papa était un pionnier de la production intégrée. Nous utilisons des traitements standards jusqu’à la fleur, puis on passe au bio, avec de l’argile par exemple. Ma vigne n’a pas été touchée par le mildiou l’année dernière. Je n’ai fait que du préventif, avec des produits simples. J’ai su choisir les bons moments, même si ça tombait sur des samedis ou des dimanches.» Rendez-vous est pris, dans deux ans, pour découvrir ce millésime si particulier.