L’ivresse de la montagne

Des constructions en pierres sèches cyclopéennes, des sommets enneigés sur les étiquettes, le mammifère le plus emblématique des Alpes comme symbole: bienvenue dans une famille où vigne et montagne s’entrecroisent à l’infini.

Si l’expression «vin de montagne» vous interpelle, planifiez une dégustation à la Cave des Bouquetins. Isaline, qui vinifie la quinzaine de crus fruités de ce domaine de trois hectares, vous emmènera dans la guérite fraîchement reconstruite au cœur d’un amphithéâtre de terrasses et de bosquets. Près de Sion, dans un coteau entrecoupé de terrasses vous croiserez peut-être Francine, qui a repris la gestion de la cave en 2001 lors du décès accidentel de son mari Marc, mais qui préfère laisser la parole à ses enfants. Tout en admirant la vue exceptionnelle sur les collines de Valère et de Tourbillon, votre œil sera sans doute attiré par des constructions qui rappellent par leur ampleur et leur précision les forteresses incas. Elles sont l’œuvre de Charly Wuilloud, l’oncle d’Isaline et Romain, qui s’est pris de passion pour les techniques ancestrales de construction en pierres sèches. «C’est l’œil qui fait le constructeur de mur. Savoir regarder permet de poser la bonne pierre à l’endroit précis qui garantira la stabilité et la longévité de la construction», explique cet ancien spécialiste des dangers naturels reconverti en bâtisseur depuis sa retraite. La montagne, imposante et belle, aussi envoûtante que dangereuse, fait partie de l’ADN de la famille Wuilloud.

Ainsi Romain, qui gère les trois hectares de vigne du domaine regroupés sous le lac de Montorge, travaille en parallèle comme guide. Cet univers alpin, qui explique le choix du nom de la cave fondée au début des années 1990 par les frères Marc et Henry Wuilloud, se retrouve aussi sur les étiquettes. «Notre but est de vendre toute la production en bouteilles et vu la progression régulière depuis une dizaine d’années, c’est un objectif que nous devrions atteindre cette année», explique Romain. Travaillant une quinzaine de cépages, le domaine vinifie près d’une vingtaine de vins. «Chaque variété donne naissance à un vin, sans oublier que des assemblages ont été créés pour les vingt-cinq ans du domaine» précise Isaline qui vinifie depuis 2008 la production familiale. Voici encore un mot qui structure la Cave de Bouquetins. Outre le frère, la sœur et la maman, une galaxie d’oncles, de tantes et de cousins - souvent propriétaires d’une parcelle de vigne travaillée par l’entreprise - collabore à la commercialisation des vins «fruités et sapides qui reflètent les spécificités du millésime». A côté du Fendant - un blanc qui a repris de l’importance selon Isaline - le Diolinoir fait partie des incontournables. «Ce qui s’explique en partie par l’histoire du domaine», confirme ce duo d’arrières-petits-neveux du Docteur Henry Wuilloud, une personnalité qui a marqué d’une empreinte forte le vignoble valaisan pendant toute la première partie du 20e siècle.

Cave des Bouquetins
Famille Wuilloud
1971 Champlan
Tél. +41 27 398 25 24
www.cavedesbouquetins.ch