Surprenant! Le millésime prodige?

Guide Bordeaux Primeur 2022: une générosité jamais vue

Dégustation et texte: Rolf Bichsel

Nous nous souviendrons longtemps de l’année 2022 – chacun à sa manière. Certains l’associent à un véritable carnage, d’autres à un soleil brûlant et à un manque d’eau. Quant à nous, à Bordeaux, 2022 a été marquée par les incendies les plus ravageurs de ces 80 dernières années. Par chance, les vignes ont été épargnées, et le raisin n’a le goût de brûlé que dans les mauvaises blagues. Les vignerons ont eu fort à faire face à l’extrême sècheresse qui a sévi toute l’année durant (et jusque dans les premiers mois de 2023). Contrairement à la canicule historique, la sècheresse n’a pas touché toutes les régions de la même manière. Après un hiver doux et très sec qui s’est terminé, comme toujours, par des gelées tardives occasionnant parfois des dégâts en vigne, le sud du département a dû se contenter de moins de 30 mm de pluie en juin. Dans le nord du Médoc en revanche, les orages ont apporté environ 120 mm de précipitations, ainsi que quelques chutes de grêle.

Trois vagues de chaleur se sont succédé de juin à août avec des températures élevées toute la journée, adoucies en août par des nuits d’une relative fraîcheur. Les vendanges n’ont donc jamais été aussi précoces: elles ont commencé dès la mi-août pour les cépages blancs et la majeure partie du raisin rouge était déjà encavé dès la mi-septembre. Chaleur et sècheresse obligent, les baies sont restées petites, avaient la peau épaisse et étaient pauvres en jus: les rendements ont rarement dépassé les 30 hl/ha pour les vins rouges.

Comme tout amateur de Bordeaux le sait, ces faibles rendements se traduisent par des taux d’alcool élevés, une acidité marquée et des tanins durs. Les vins sont à la croisée des millésimes 2003 et 2010, avec une pointe de 1975. Est-il donc vraiment utile de les déguster? Il va sans dire que la réalité est toute autre et les cafédomanciens vont devoir revoir leur copie. En effet, les fûts renferment à l’heure actuelle le millésime le plus surprenant, et cela vaut aussi – chose étonnante – pour les blancs secs, ainsi que pour les blancs liquoreux dans une certaine mesure. Ce qui distingue 2022 de tous les millésimes de ces 50 dernières années que nous avons goûtés, et même de 2018, 2019 ou 2020, est l’équilibre saisissant des vins, l’élégance inouïe des tanins, le raffinement minéral si difficile à décrire en général, ainsi que les taux d’acidité étonnamment élevés (la plupart du temps naturels) et les taux de pH bas qui en résultent, et ce malgré des teneurs en alcool dépassant le plus souvent les 14% Vol. Nous avons ainsi affaire à des vins charnus, fruités, vigoureux et juteux d’une très grande générosité, comme Bordeaux n’en a encore jamais vu, du moins pas dans ces quantités et à ce niveau de qualité.

Libre aux amateurs de Bordeaux de décider s’ils doivent acheter ce millésime «en primeur», mais une chose est sûre: tout vinophile qui se respecte finira tôt ou tard par avoir quelques bouteilles de 2022 en cave.



Top 5 des vins

RangBeschreibung
1
20,0/ 20
Punkte
Bordeaux - Médoc & Graves, Bordeaux, Frankreich
SCEA Chateau Durfort
2
20,0/ 20
Punkte
Château Mouton Rothschild
3
20,0/ 20
Punkte
Bordeaux - Médoc & Graves, Bordeaux, Frankreich
Château Brane-Cantenac
4
20,0/ 20
Punkte
Bordeaux - Médoc & Graves, Bordeaux, Frankreich
Château Pontet-Canet
5
19,5/ 20
Punkte
Bordeaux-Libournais, Bordeaux, Frankreich
Château Ausone

vinum+

Continuer la lecture?

Cet article est exclusivement
destiné à nos abonnés.

J'ai déjà un abonnement
VINUM.

Je souhaite bénéficier des avantages exclusifs.