Un écrin parfait pour vos trésors en bouteille

Ils ont lancé un business encore peu répandu sous nos latitudes. Les Caves Raccurt et Wine District proposent des espaces de stockage aux conditions idéales à ceux qui commencent à manquer de place pour héberger leurs trésors en bouteille. Avec un petit supplément d’âme…

Raccurt & Partners

Entrez dans le supermarché, prenez les escaliers à droite du rayon pain frais et passez la porte à côté des toilettes: se faire indiquer le chemin pour arriver jusqu’aux caves Raccurt représente déjà une expérience en soi! Difficile d’imaginer que les petits pains soldés et un couloir froid cachent ce temple du bon goût. Bourguignon d’origine, Emmanuel Raccurt y met à disposition des fauteuils cosy, une cuisine, une salle de dégustation où les bouteilles vides – vestiges des plaisirs passés – font déjà pâlir et, bien sûr, des casiers de stockage réunissant toutes les conditions de vieillissement idéales.

«Je me suis lancé sans étude de marché ni pub.»

«J’ai ouvert il y a 16 ans, sans aucune étude de marché, se souvient le maître des lieux. Je n’ai jamais investi dans la publicité. Les trois premières années étaient dures, ensuite ça a décollé. Tous mes fondamentaux de départ étaient nuls! Je pensais offrir de l’espace à ceux qui n’en avaient pas. Mais la majorité de mes clients disposent d’une cave chez eux. Je pense que les gens qui n’ont pas de cave n’en auront jamais. Ils viennent pour l’endroit.» Et on les comprend. On se sent bien dans ce lieu hors du temps qui invite aussi aux rencontres. «Nous fonctionnons comme un club. Ici, ça réseaute. Certaines sociétés louent une cave, mais ne la remplissent pas. Pour eux, cet endroit est un outil.» Les origines d’Emmanuel Raccurt expliquent bien sûr son lien particulier avec le vin. Il commence par importer des crus bourguignons en Suisse, avant de lancer son projet. «À l’époque, Didier Mosca est le seul professionnel qui m’a aidé et encouragé. Aujourd’hui, je loue des espaces à d’autres personnalités connues dans le monde du vin, telles que Xavier Scafidi de BV Vins, ainsi que Camille Gariglio et Thibaut Panas de La Carte des Vins. J’ai beaucoup élargi mes connaissances bachiques en leur compagnie.» Avant l’arrivée des clients, dans un calme olympien, le patron gère son entreprise depuis un petit bureau jouxtant les bouteilles qui dorment. Combien y en a-t-il d’ailleurs? On ne le saura pas. «Le nombre de clients est stable. Il reste un peu de disponibilité. Je ne veux pas remplir pour remplir.» Moyennant 900 francs par mois, l’eldorado est donc à portée de main.

Wine District 42 SA

Créée en 2016, Wine District 42 SA a tout d’une «success story» racontée aux jeunes diplômés pour les faire rêver. Le concept germe dans l’esprit de Charles Villa, alors étudiant à l’école hôtelière de Genève: «Déjà fou de vin, je manquais de place pour stocker mes bouteilles. Je me suis dit que si j’avais ce problème, je ne devais pas être le seul.» Il dédie son travail de diplôme à cette idée. Il s’associe naturellement à son amie de longue date, Morgane Covino-Bellido, architecte d’intérieur qui imaginera le lieu. Les professeurs gratifient le concept d’une bonne note. Un signe pour Charles et Morgane, qui, à 25 ans à peine, passent à l’étape supérieure: la concrétisation. Autofinancée, l’entreprise avale toutes leurs économies. «J’ai toujours voulu entreprendre. Je me voyais lancer un service traiteur et j’avais déjà quelques mandats. J’ai abandonné cette voie, mais mes débuts m’ont aidé à financer Wine District.» Heureusement, le succès arrive rapidement. «Nos clients – autant des privés que des établissements de restauration – font appel à nous parce qu’ils n’ont pas la place, ni les conditions idéales, ni les normes de sécurité. Nous gérons notre bâtiment comme une banque.

«Nous sommes distributeurs de 50 domaines.»

C’est un véritable bunker.» De plus, les bouteilles sont assurées au prix du marché. Un autre argument convaincant. Au-delà d’un dépôt, l’entreprise propose un service de gestion des stocks. Elle approvisionne également ses clients. «Pendant le covid, nous avons eu l’opportunité d’importer de célèbres domaines, car ils avaient des vins réservés à la restauration. Aujourd’hui, nous sommes distributeurs de plus de 50 domaines suisses et français « haute couture » et de niche.» À cette activité s’ajoutent aussi des expertises, notamment en collaboration avec la société de ventes aux enchères Koller. «Notre chiffre d’affaires provient à 55% de la gestion des stocks, à 40% de la distribution de vin et à 5% de notre rôle d’experts.» Comme pour boucler une boucle en permettant à Charles de renouer avec la gastronomie, Wine District a inauguré une table d’hôte au dernier étage. Et son développement continue: «Avec 150 000 bouteilles, le bâtiment est quasiment complet. Nous allons devoir agrandir pour la deuxième fois.»