Emblème de la maison Badoux

Le retour du lézard

Emblème de la maison Badoux, le lézard vert tente un retour discret dans les terrasses à nouveau enherbées des Murailles. Coup de projecteur sur un flamboyant reptile plus à l’aise sur les bouteilles de vin que dans les parchets de vigne.

Rares sont les chanceux à avoir rencontré ce magnifique saurien qui mesure en général une trentaine de centimètres et se distingue, chez les mâles, par sa livrée émeraude et sa gorge d’un bleu éclatant. L’un d’eux fut sans doute le peintre aiglon, Frédéric Rouge, qui en orna l’étiquette du Clos des Murailles. Depuis 1918, année de l’achat de ce splendide domaine par Henri Badoux, l’élégant lézard est devenu l’égérie du plus emblématique des Chasselas. En un siècle, l’étiquette a peu varié malgré quelques bisbilles avec les gardes-frontières américains. Il se raconte en effet que, dans les années 1960, des douaniers de l’Oncle Sam ont demandé de «supprimer l’alligator» des flacons destinés au marché US. Si les vignerons n’ont jamais eu de conflit ouvert avec cet omnivore qui peuple le sud du pays de Genève aux Grisons, la viticulture moderne l’a repoussé loin des parchets cultivés. En effet, cet animal fortement territorial est la proie de nombreux prédateurs – serpents, rapaces, félins – et a besoin d’une couverture herbeuse relativement dense pour se sentir en sécurité.

Aménager pour faire déménager

Daniel Dufaux, qui confirme «n’avoir jamais eu la chance de croiser un lézard vert dans les vignes des Murailles», s’est toujours intéressé à ce splendide reptile. «L’équipe de vigne en a vu. L’étudiant qui a conduit le projet a fait de magnifique photos, alors je suis un peu frustré», avoue celui qui a piloté le projet lorsqu’il était directeur de Badoux Vins. «En signant une déclaration d’intention auprès du canton dans lequel l’entreprise s’engageait a favoriser le retour du lézard vert dans ses vignes, l’entreprise acquiert un statut particulier qui lui permet de bénéficier de conseils et de subventions pour certains travaux. Nous avons mis sur pied un groupe de travail, dans lequel on retrouve Clément Rapaz qui a fait son travail de bachelor sur le sujet, le service forestier de la commune d’Aigle, ou encore un herpétologue. Ce sont eux qui nous proposé une série de mesures: le lézard vert a, par exemple, besoin de passages enherbés et de taillis où se cacher. Nous laissons aussi du lierre sur certains murs afin qu’il puisse s’en servir comme d’une échelle. Nous avons déjà mis ou nous allons mettre en place ces améliorations cette année. Une fois les conditions propices réunies, il devrait naturellement revenir dans nos vignes. Par contre, nul ne sait si cela prendra un, deux ou cinq ans.»

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