Au restaurant

Le rosé, limité à l'été?

«Il faut tout d'abord préciser que les rosés sont de vrais vins qui ont leur place en gastronomie tout autant qu'à l'apéritif et ce, à n'importe quelle saison de l'année. La Provence a réussi un coup marketing très fort en parvenant à ce que les consommateurs associent le rosé aux premiers rayons de soleil et aux premières terrasses. Bien que les sommeliers apprennent surtout à équilibrer les saveurs et les arômes, le rosé permet de jouer aussi sur les accords entre couleurs dans le verre et dans l'assiette. Aujourd'hui, les consommateurs sont toujours plus sensibles à la présentation et au dressage des plats. Un tartare de saumon assaisonné de grenades servi avec un rosé de Grenache permet par exemple de marier à la fois l'aspect visuel et les arômes de fruits rouges. Une viande blanche, cuisinée à l'asiatique, rappelle le côté acidulé de ce vin. Des déclinaisons de tomates, fraîches ou séchées, peuvent aussi très bien s'accorder avec un rosé, grâce à leur connotation estivale. En ce qui concerne les Champagne (et ceci est valable pour les autres mousseux) rosés, je dis un grand oui. On les affuble souvent du qualificatif de vin féminin, mais ce sont les plus virils des effervescents, car ils sont passés par une période de macération plus longue que leurs homologues blancs. Ils possèdent de la structure et de la puissance en plus de leur aromatique extrêmement agréable. Aujourd'hui, la tendance est à ce que les rosés soient d'une teinte la plus claire possible, voire paraissent presque blancs. A mon avis, lorsque l'on choisit de boire un rosé, autant que ce soit un vrai rosé avec des caractéristiques marquées et une couleur soutenue, sinon autant se diriger vers un blanc.»