Le choix des pros avril

Vente en ligne

Texte: Anick Goumaz, Photos: m.à.d.

Ils se sont lancés presque au même moment, avec beaucoup de points communs, mais des projets bien différents. Tasters de Lionel Rudaz et La Grappe de Christopher Loye et Fabian Vuignier poursuivent le même but: faire perdurer le plaisir de la dégustation chez soi.

La Grappe, Sierre

Dans le dictionnaire romand, à côté du mot «bonnard», il y a la photo de Christopher Loye et Fabian Vuignier, les fondateurs du site de vente de vin en ligne La Grappe. Deux formidables ambassadeurs pour les vins valaisans, qui composent exclusivement leur gamme. Mais hormis cette agréable bonhommie, il leur faut une sacrée dose de génie commercial et d’audace pour se lancer à 100% dans cette aventure. Enfin, presque à 100%, puisque Christopher travaille également pour le Musée du Vin, à Sierre. «Un saut dans le vide», reconnaît-il. «Heureusement, on avait des économies grâce à nos jobs respectifs.» Effectivement, les deux amis de la HEC Lausanne se sont retrouvés sous la bannière du groupe Richemont. «On échangeait via le chat de l’entreprise en se demandant si on allait continuer à mettre nos costards-cravates tous les jours ou faire quelque chose qui nous tenait plus à cœur.» C’est tout naturellement que le vin les a séduits. Ils ont en commun des grands-parents avec quelques vignes et une implication dans le club d’œnologie de la HEC «Wine Society».

«Les vins valaisans, c’était le choix du coeur.»

Pendant leurs «années Richemont», chacun à son tour organisait une soirée toujours ponctuée de découvertes vinicoles. Puis l’heure du fameux «saut dans le vide» a sonné. Ils démissionnent tous les deux juste avant le confinement. «Sans point de comparaison, qui sait si la pandémie a joué un rôle favorable dans le projet.» La stratégie de se concentrer sur les vins valaisans semble une évidence. «C’était le choix du cœur. Nous sommes allés vers les vins qu’on connaissait et aimait. Nous sommes des mini-experts dans le domaine», explique modestement Fabian. Cette expertise convainc une clientèle de plus en plus vaste. Elle plébiscite leurs abonnements mensuels et leurs épisodiques «ventes flash», souvent pour des cadeaux, privés ou d’entreprises. Leur univers décomplexé attire les jeunes couples, entre 25 et 45 ans, qui boivent moins, mais mieux, que les générations précédentes. Pensent-ils que cette tendance perdurera? «Nous n’avons pas de boule de cristal! Mais n’oubliez pas que le Valais est une grande région viticole. C’est dans notre culture, le vin se situera toujours au-dessus des autres produits.»

Le choix du vin

La Dôle de l’A 2022

Vin de l’A, Alex Staufer, Flanthey, Valais AOC

Alex s’est donné pour mission de sublimer l’emblématique assemblage valaisan. Tout en respectant la recette traditionnelle, il innove en utilisant 50% de grappes entières de Gamay. Le résultat est bluffant. Le vin, à la fois rond et gourmand, captive avec ses arômes dominants de fruits rouges qui enchantent le palais jusqu’à la finale.

25 francs

Anchettes 2022

Favre T’Chippis, Valais AOC

Déguster de la Rèze est une invitation à voyager à travers le temps, alliant nostalgie du passé et optimisme pour l’avenir. Ce cépage, autrefois au bord de l’oubli, regagne progressivement sa place dans les vignobles valaisans. Sous les mains de Romain Favre, il se transforme en un vin d’une complexité remarquable, qui stimule la pensée et invite à la contemplation.

26 francs

Cornalin 2022

Pierre-Élie Carron, Fully, Valais AOC

Pierre-Élie a toujours eu une affection particulière pour le Cornalin, pierre angulaire de sa cave. Grâce à des rendements maîtrisés et une vini-fication méticuleuse, il a su faire un vin qui allie magistralement la puissance carac-téristique des grands vins rouges de garde à la finesse et l’élégance propres à ce cépage.

28 francs

Tasters Sàrl

Tasters a beau représenter un «side project» pour Lionel Rudaz, il le mène avec sérieux, passion, ainsi qu’une impressionnante connaissance du marché. Son concept: des bouteilles «mystères» livrées chez soi pour des dégustations à l’aveugle. Mais surtout, une application smartphone qui accompagne l’expérience et dans laquelle réside le savoir-faire du Valdo-Vaudois. Après un job en agence, chez Nespresso et aujourd’hui auprès d’un portail immobilier, ce créateur de produits numériques aime «résoudre les problèmes». En pleine pandémie, quand les rassemblements devaient se réduire à cinq personnes maximum, Lionel organise une soirée dégustation en demandant à un caviste de remplir son caddie sans lui montrer les étiquettes. Celui qui cherchait un projet privé, à développer à côté de son travail à plein temps et de sa vie de famille, flaire la bonne idée. Il commence par créer une application à son image. «J’aime bien les dégustations sans prise de tête, sans tomber dans la foire à la saucisse non plus. Il faut du contenu, mais, dans le monde du vin, on en fait toujours des caisses.

«J’aime les dégustations sans prise de tête.»

Je privilégie un mélange de légèreté et de pédagogie.» Puis, est arrivée l’étape de la sélection des vins. «Je voulais aller chercher les bouteilles moi-même, mais j’ai eu peur de me mettre dans la gonfle. J’ai écrit un e-mail à Vogel Vins pour leur présenter mon projet. Cinq minutes plus tard, je recevais une réponse me confirmant leur intérêt.» Pour compléter ce premier produit un peu «one shot», un abonnement appelé «Tasters Explorer» fait découvrir une région différente chaque mois. «Pour apprendre, il faut goûter et sortir des certitudes construites parce que papa, qui parle plus fort à table, dit que le Bordeaux c’est meilleur que le Bourgogne, ou vice versa.» Déjà deux offres en trois ans, et la suite? «Avec l’augmentation du coût de la vie, je prédis que les abonnements se vendront moins dans les mois ou années à venir. En parallèle, je perçois un manque d’information chez une clientèle un peu perdue lorsqu’il s’agit de choisir du vin au restaurant ou au magasin. Je suis convaincu qu’il y a beaucoup à faire pour démocratiser le vin.» Encore un problème auquel Lionel Rudaz se réjouit de s’atteler.

Le choix du vin

Amigne 2021

Thierry Constantin, Sion, Valais AOC

Je voulais un vin suisse pour commencer et j’ai hésité entre mes origines valaisannes et le canton de Vaud, où je vis. Mais les vins valaisans ont contribué au développement de ma passion. Cette bouteille est merveilleuse. Le vin dégage de belles notes d’agrumes, de citron et de mandarine. Il est complexe et pourtant, pour moi, tout est évident.

21.50 francs

Crocevia Nebbiolo 2020

Cascina Galarin, Castagnole delle Lanze, Monferrato DOC

Je continue le voyage au Piémont, car c’est l’une des premières régions étrangères où j’ai eu l’occasion de déguster des vins. Je suis tombé amoureux de ses collines et de ses vins, au point de m’y marier l’année passée. J’adore le Nebbiolo et celui de la Cascina Galarin est un très bel exemple de ce que l’on peut en faire.

31.90 francs

La Jasse 2021

La Jasse Castel, Saint-Jean-de-Fos, Terrasses du Larzac AOP

J’ai eu la chance de rencontrer Pascale Rivière lors d’un voyage dans le Languedoc. Sa cuvée éponyme est pour moi un modèle des pépites qu’on peut dénicher dans le sud de la France. Je la sors souvent quand j’invite du monde à la maison, elle éblouit à chaque fois tout le monde. Une vraie merveille.

33.80 francs