Comme un petit air d’Alsace

Géographiquement proche de la Suisse et affichant presque la même surface viticole que notre pays, l’Alsace reconnaît quatre cépages «nobles»: le Gewürztraminer, le Muscat, le Riesling et le Pinot Gris. Exclu de cette liste, le Pinot Blanc se montre également très présent dans cette région du nord-est de la France, qui l’utilise en vaste majorité pour l’élaboration de son fameux Crémant. Ces cinq variétés ont inspiré notre jury pour une grande dégustation de vins suisses «aux airs d’Alsace», dont voici la première partie. Pinot Blanc et Pinot Gris feront l’objet d’un prochain guide, dont nous nous réjouissons d’ailleurs. Naturellement, si les vignobles alsaciens et suisses présentent des similitudes, ils diffèrent aussi grandement de par leur terroir. Nous l’avons très vite constaté dès le début de cette dégustation. Les expressions romandes du Gewürztraminer et du Muscat prennent la voie de l’élégance, pour ne pas dire de la retenue. L’opulente aromatique de rose et de litchi pour le premier, de raisin frais pour le second, reste malheureusement trop peu marquée dans beaucoup de cas. Sans surprise, le Traminer du Vully tire son épingle du jeu. Là-bas, cette variété s’épanouit sur des terroirs qui le magnifient. Le Riesling, quant à lui, montre un potentiel réjouissant sous nos latitudes. En observant les résultats ci-contre, il semble clair que ce cépage apprécie les sols calcaires de Salquenen et de la région des Trois-Lacs. Le calcaire et le schiste encouragent effectivement les notes typiques d’hydrocarbures. Les versions de la Cave du Rhodan, de Pfisterweine et de la Grillette nous ont particulièrement séduits par leurs notes pétrolées ciselées et empreintes d’une remarquable typicité.

Tous les producteurs de Suisse romande ont été invités à présenter leurs vins tranquilles à base de Gewürztraminer, de Muscat ou de Riesling, en monocépages ou en assemblages. Le millésime n’était pas imposé, mais les vins devaient être disponibles à la vente.