Une vitrine vivante du vignoble neuchâtelois

En Suisse comme dans d’autres pays de vin, les régions viticoles disposent parfois de lieux d’accueil faisant office de vitrines de la production. Leurs gérantes et gérants ressemblent à de véritables couteaux suisses qui jonglent entre sommellerie, restauration et événementiel.

Château de Boudry

Construit à partir du XIIe siècle, le Château de Boudry porte haut son titre d’ambassade du vignoble neuchâtelois, œnothèque et musée. L’aventure a débuté dans les années 50. Grâce à la Compagnie des Vignolants du Vignoble Neuchâtelois, le premier musée du genre en Suisse y est inauguré le 1er octobre 1957. Des réaménagements en 1989 puis en 2007 ont permis l’ajout d’un caveau. Quelque 51 domaines viticoles y sont présents avec plus de 200 références. Après son départ en 2020 de la très bonne adresse Les Six Communes à Môtiers, le couple Pierre-Alain et Marianne Rohrer a repris la gestion du Château de Boudry. Leur relation de confiance avec les vignerons, bâtie en 30 ans de restauration neuchâteloise, a représenté un atout de taille au moment de fournir les casiers de l’œnothèque. Elle en cuisine, lui à l’accueil. «Les relations humaines sont le fil rouge de ma vie», confie Pierre-Alain Rohrer. «La restauration, ce n’est pas un métier, mais un art de vivre, une drogue.» Et pourtant, le fils de boucher comptait marcher sur les pas de son père, lorsqu’il rencontre Marianne. Lui avait quitté Neuchâtel et elle Winterthour pour vivre une expérience à Verbier. Il la rejoint au restaurant Fer à Cheval dans la station bagnarde.

«La restauration, c’est comme une drogue.»

Peu de temps après, sa maman lui parle de reprendre Les Six Communes. Ils y ont officié de 1993 à 2020, avec une pause de six ans à l’Hôtel du Chasseron. Installés à deux pas de la Maison Mauler, les Rohrer y exerçaient déjà une promotion active des crus de la région. «Quand on me disait «Vous n’avez que des vins suisses», je répondais «Non, nous avons uniquement du vin suisse! Je trouve la relève de la viticulture neuchâteloise extraordinaire! Ils prennent la nouveauté, sans oublier les classiques. Les bouteilles de Non Filtré avec leur étiquette à l’envers en sont un bon exemple.» Avec des événements comme des spectacles d’humour, un marché de Noël et des offres d’activités pour les groupes, le couple Rohrer se décarcasse aujourd’hui d’une autre manière, toujours avec le soin de représenter tout le monde. C’est pourquoi Pierre-Alain Rohrer a souhaité se baser sur les Prix d’Excellence de la Sélection des Vins de Neuchâtel pour établir son choix ci-dessous.

Maison des Vins de La Côte

Il en a fallu du temps et de la persévérance pour arriver jusqu’à cette inauguration de la Maison des Vins de La Côte, le troisième week-end d’octobre 2024. Depuis plus de dix ans, son président, Luc Pellet, porte ce projet à bout de bras. Plus grande région viticole du canton de Vaud, La Côte ne disposait jusqu’à présent pas d’une «ambassade», un lieu où touristes et locaux peuvent balayer d’un coup d’œil la vaste offre de l’appellation. C’est maintenant chose faite. Pour gérer cette vinothèque très attendue, le comité a choisi une pointure en la personne de Nathalie Ravet. La fille ainée du célèbre chef de l’Ermitage à Vufflens est surtout une sommelière reconnue, diplômée de l’École Hôtelière de Lausanne. «Mon diplôme en poche, le sommelier de l’Ermitage est tombé malade.

«J’avais besoin de me concentrer sur les vins.»

Je l’ai remplacé. J’y suis restée jusqu’à la fermeture, pendant 22 ans.» Tout au long de ces deux décennies, le GaultMillau et Bilanz l’ont désignée Sommelière de l’année, en 2007 et en 2015. Après presque deux ans à la tête de l’Œnothèque Gourmande Ravet, à Crans Montana, la quarantenaire se réjouit d’être de retour dans sa région, pour un tout nouveau défi. Gérer une vinothèque équipée d’un coin dédié aux produits du terroir, de salles de réception, de séminaire et de dégustation puis l’animer grâce à des événements constitue pour elle un nouveau métier. «Je suis curieuse et j’avais besoin de faire autre chose, de m’éloigner de la restauration pour me concentrer sur les vins.» Plus précisément, elle se consacrera désormais uniquement aux crus de La Côte. «Les choses ont beaucoup évolué en plus de vingt ans de métier. J’ai vécu la tendance des vins du Nouveau Monde avec des accords qui invitaient au voyage. Puis la vision est redevenue plus locale. Grâce à la qualité que les domaines de La Côte atteignent aujourd’hui, je pars sereine.» Et la variété sera aussi au rendez-vous avec près de 200 références proposées par plus de 80 vigneronnes et vignerons, de chacun des douze lieux de production. Quand on la questionne sur les objectifs de fréquentation, elle répond avec optimisme. «Ils sont notés quelque part, mais je suis persuadée qu’on va les dépasser. La Maison des Vins de La Côte sera un fer de lance dans la région.»